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                                                       A la famille d’André Nouschi,
                                  

     La nouvelle de la disparition d’André Nouschi le 7 mars dernier, a lourdement déchiré les responsables de notre association FORSEM (Forum de Solidarité Euro-Méditerranéenne), créée en 2011, pour laquelle il est venu, de 2012 à 2014, faire des conférences, animer des débats, et participer au colloque organisé par FORSEM à l’ENS de Lyon, le vendredi 5 avril 2013. Nous avons tous été émerveillés qu’il puisse, à 90 ans passés, parler debout et sans notes, et nous avons apprécié le texte magnifique sur son enfance algérienne (« Images des années 30 ») qu’il a nous a livré pour les actes du colloque -pour l’un de nous, Daniel Rivet, il est « en résonance avec Albert Camus dans Le premier homme ». Le texte d’André est une contribution majeure aux actes du colloque, publiés sous le titre L’Algérie d’hier à aujourd’hui : quel bilan ?, Saint Denis : Éd. Bouchène, 2014, 225 p.

     J’ai personnellement assez bien suivi le parcours et lu les œuvres d’André, historien et citoyen du monde, généreux, hors du commun, qui a dirigé ma thèse de doctorat d’État que j’ai soutenue à Nice le samedi 9 juin 1979 ; et je n’ai, depuis, pas cessé d’être en relations avec lui, sauf en 2016-2017, lorsque j’ai été frappé -de même que Daniel Rivet- par de lourds accidents de santé. Nous sommes allés, mes amis forsémiens Zaher Harir, Tahar Khalfoune et moi, pour le remercier de sa collaboration à FORSEM, mais aussi pour le voir et échanger avec lui, lui rendre visite à Nice à deux reprises, en 2014 et 2015 -malheureusement cela ne nous a pas été possible en 2016 -j’ai prié André de nous en excuser lorsque je lui ai téléphoné, début 2017, pour lui présenter mes vœux de nouvelle année.

     Nous savions quelles étaient ses souffrances, entre le drame de l’accident mortel de son épouse, la romancière et nouvelliste Janine Nouschi Vuillemey[1] , en décembre 2012, et les douleurs complexes, physiques et psychiques, son immobilisation en chaise roulante, suite à l’amputation d’une de ses jambes, malade, et sa survie en solitaire en fauteuil roulant dans son appartement niçois, malgré la présence à ses côtés d’une auxiliaire de vie. Sans doute, pour des raisons qui tenaient entre autres à des soucis de santé de notre côté, ne lui avons-nous pas apporté suffisamment d’écoute et d’aide.

     Pourtant, nonobstant quelques escarmouches parisiennes qui nous ont un temps, lui et moi, quelque peu froissés, persista le tréfonds inébranlable qui nous unissait : sur l’histoire de l’Algérie, sur l’étude critique du système colonial, sur l’histoire-problème de l’école des Annales, -braudélienne, labroussienne-, entremêlée avec des analyses d’inspiration marxiste, mais sans reniement en soi du positivisme : André ne retenait les faits que dûment scrutés d’après tous les documents accessibles, étudiés et recoupés ; sur les engagements aussi : au vu du terroir algérien colonial qu’il connaissait de l’intérieur, du fait de sa vision d’historien critique éclairé, et de citoyen lucidement responsable, il a été un anticolonialiste vrai, en deçà et au-delà du claironnement démonstratif.

     J’ai passé en 2012, avec un entrain passionné, plusieurs mois à faire une préface pour la deuxième édition de sa thèse, livre majeur pour permettre de saisir ce que fut le système colonial français en Algérie[2] . André m’avait fourni d’amples renseignements biographiques sur son parcours et -cela sans compter- des réflexions aidant à situer le livre, et au-delà, la personnalité de son auteur. Il ne m’est pas possible de vous relater tout ce que j’ai, alors, appris et ressenti ; je me contenterai de vous livrer le dernier paragraphe de ma préface, qui, je l’espère, synthétise ce qu’André représenta pour moi.

     « Bien au-delà des piètres différends qui ont pu scander les péripéties d’un moment, je tiens que sa thèse procède, au fond, de son humanité d’humain du terroir algérien, d’observateur ouvert, sans préjugés, des réalités qu’il a vécues, pour le meilleur et pour le pire, dans ce pays où il a vécu presque en continu les quarante premières années de sa vie. Mais il a été happé aussi par l’histoire plus globale et il a fait les choix qui n’allaient pas dans le sens attendu par le pouvoir colonial -quels que fussent les maîtres de l’heure, persistaient à régner en système en Algérie coloniale discriminations et racisme. La thèse d’André Nouschi reste une œuvre incontournable sur l’histoire de l’Algérie coloniale ; elle propose une réflexion, elle incite à la réflexion selon des vues qui, malgré les inévitables évolutions épistémologiques, ne sont pas périmées et ne peuvent l’être. Elle doit être connue de tous ceux qui veulent connaître ce passé d’échanges, traumatique mais partagé d’une rive à l’autre de la Méditerranée, par les Algériens, par les Français, de France ou originaires d’Algérie, par les métis de l’identité, par les férus d’histoire, par les citoyens d’aujourd’hui de la vivante humanité. »

     Notre ami forsemien Daniel Rivet a terminé un courriel qu’il a nous envoyé avant-hier, après avoir appris le décès d’André : « Que la terre soit légère sur cet homme ardent, tout d’une pièce, généreux, fraternel ! » Nous saluons la mémoire de l'homme pour son engagement anticolonialiste, ses travaux sur l'Algérie et son amour de ce pays auquel il consacra la plupart de ses travaux. En mon nom, et au nom des amis du FORSEM, cosignataires de cette lettre, je vous prie d’excuser le retard avec lequel nous vous adressons cette lettre. Qu’elle soit pour vous le signe de la vive reconnaissance que nous devons à André : pour nous, il reste bien vivant, dans nos mémoires, dans nos têtes, dans nos cœurs. Nous vous prions d’accepter nos excuses pour n’avoir pas été présents à ses obsèques, et nous vous présentons, de tout cœur avec vous, nos sincères condoléances.


     Gilbert Meynier, historien, professeur émérite, et -cosignataires :
     Zaher Harir, ingénieur d’études en informatique, président de FORSEM
     Frédéric Abécassis, historien, maître de conférences à l’ENS de Lyon
     Lahouari Addi, sociologue, professeur à l’IEP de Lyon
     Tahar Khalfoune, docteur en droit, universitaire
     Daniel Rivet, historien, professeur émérite

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[1] J’ai été chaleureusement accueilli au printemps 2010 dans leur maison de Beauzac -à mi-chemin entre Saint Étienne et Le Puy- d’où Janine était originaire.
[2] Enquête sur le niveau de vie des populations rurales constantinoises de la conquête jusqu’en 1919. Essai d’histoire économique et sociale, Saint Denis : Éd. Bouchène, 2013, LXVI-700 p. -la première édition avait été publiée en 1961 aux PUF, LXXIII-767 p.
Conférence débat : Le conflit israélo-palestinien
Jeudi 8 juin 2017 à 18h30
Israel-Palestine : Une paix négociée est-elle possible ?
avec
avec Jean-Paul CHAGNOLLAUD, Professeur émérite l'université de Cergy-Pontoise, et spécialiste de la question palestinienne. Il est le rédacteur en chef de la revue Confluences Méditerranée et directeur de la collection Comprendre le Moyen-Orient chez L'Harmattan.
Lieu : ENS Lyon salle F08
15 parvis René Descartes 69007 Lyon
Rencontre-débat : ISLAM ET PHILOSOPHIE
jeudi 1 juin 2017 à 18h00
ISLAM ET PHILOSOPHIE
avec
Ali Benmakhlouf,Agrégé de philosophie, il est professeur de philosophie arabe et de philosophie de la logique, membre sénior de l’Institut universitaire de France et membre correspondant de l’académie nationale de pharmacie. Il enseigne à l'Université de Paris Est-Créteil Val-de-Marne
Lieu : Sciences Po Lyon, Grand Amphi
4, rue du professeure Appleton Lyon 7ème

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